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" 26 AVRIL 1986 "
Durant notre séjour en Ukraine, une journée a donc été consacrée au "no man's land" situé autour de Tchernobyl. Les autorisations avaient été demandées au préalable avec copies des passeports des personnes ayant cet accès exceptionnel, accompagnés par Madame OLGA, veuve d'un liquidateur étant intervenu sur le site. C'est donc de manière officielle, sous la surveillance et l'accompagnement d'une employée du site que nous avons rempli un formulaire déchargeant l’État Ukrainien de toute responsabilité sur un quelconque problème survenant après la visite. Cette fiche d'engagement précise qu'il ne faut rien ramasser, rien toucher, animaux, arbres, cailloux etc... Nous avons pu passer les multiples check-points et évoluer sur cette zone d'environ cinquante kilomètres considérée maintenant comme un sanctuaire. Plusieurs sites comme le village de Tchernobyl, plusieurs lieux de mémoire sur le courage des premiers intervenants sur la catastrophe, pompiers, liquidateurs, militaires...
Puis à l'horizon se dessine un dôme énorme avec une cheminée rouge et blanche. Nous voici au plus prés de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Nous sommes à 50 m du réacteur IV de la centrale nucléaire et son sarcophage renfermant encore 95 % de ses substances radioactives, celui qui explosa le 26 avril 1986 (taille du sarcophage 108 m par 162 m sur une portée de 257 m, charpente métallique plus grande que le Stade de France). D'un coût de 1,426 milliard d'euros, financé par 26 pays, réalisé par les sociétés Bouygues et Vinci TP entre autres, il a été mis en place en 2016 en remplacement de l'ancien sarcophage en plomb et en béton.
Le point d'orgue de cette journée allait être juste après le dernier point de contrôle... Pripyat... Je ne suis pas prêt d'oublier ces deux heures passées dans Pripyat. La vidéo jointe (lien ci-dessous) décrit un peu cette atmosphère, la vivre est unique. Un voyage de 30 ans dans le passé où le temps s'est figé brusquement. Un endroit de vies heureuses transformé en ville fantôme. Pas un bruit, juste le vent, la végétation qui reprend le dessus sur ce qui a été construit par l'homme et qui semble engloutir les symboles de la puissance du communisme. Vous ne pouvez plus parler. Vous évoluez entre les bâtiments ouverts, les commerces arborant encore leur enseigne... la piscine, l'hôpital où, dixit notre accompagnatrice, les vêtements irradiés des liquidateurs se trouvent encore, le tristement célèbre parc d'attraction qui devait être inauguré quatre jours après la catastrophe... Il n'a jamais entendu de rires d'enfants. Deux petites poupées laissées sur une auto tamponneuse enlacée de végétation en mémoire de... Des photos de militaires et de pompiers, des visages, des hommes et des femmes... et l'émotion monte, le regard est mouillé.
Au moment de la catastrophe, près de 50.000 personnes vivaient ici, hommes, femmes et enfants ont attendu deux jours sous l'exposition des radiations avant d'être évacués. Combien en sont revenus? 600.000 liquidateurs sont intervenus au fil des années, au risque de leur vie, pour que ce site soit en partie accessible sur une courte durée. Actuellement, les employés travaillent 15 jours sur site et repartent 15 jours en zone "claire".
Depuis 2000, la majeure partie des zones contaminées ne présente quasiment plus de danger d’irradiation. Pourtant, 3 à 4 heures de visite représentent tout-de-même l’équivalent d’une année d’exposition aux particules radioactives.
Puis le départ, silence dans le bus... passage dans les différents check-points, contrôle de l'irradiation avec passage obligatoire dans plusieurs détecteurs, contrôles du véhicule....
Cette journée est gravée.
Bruno,
pour l'association LES AMIS DE LA RÉGION DE RIVNE
Lien vidéo :
https://drive.google.com/open?id=1YTmhiRTg_HcyoZlaJcKqCTVDLt6ahb80